A Perpignan, tout est fait pour que les résidents de l'EHPAD soient en lien avec leur famille
Progression dans le chapitre
« Nos résidents ont vécu la guerre, alors ils ne comprennent pas que leurs familles ne viennent plus à cause d’un virus ! » Sonia Mac-Veigh, responsable de la cellule animation au sein de la résidence Dantjou-Villaros, travaille depuis 18 ans pour la Croix-Rouge française et rappelle avec fierté les principes de l’association dont celui, central, d’humanité. Une humanité plus que jamais indispensable en cette période. « Les personnes qui vivent ici sont âgées, souvent désorientées, parfois atteintes de la maladie d’Alzheimer… Comment leur expliquer que, du jour au lendemain, leur famille ne peut plus leur rendre visite ? Pour nous, il n’était pas question de rester sans rien faire », explique-t-elle.
Transparence
Et en effet, depuis près d’un mois², toute l’équipe s’est mobilisée est sur le pont pour permettre aux résidents de garder le contact – virtuel bien sûr – avec leur famille. « Dès le départ, nous avons souhaité être transparent dans toutes nos communications avec les proches, explique Georges Cabel, le directeur de la résidence. Je leur envoie deux messages par semaine pour faire un point de situation et évoquer la façon dont on s’organise. Nous avons la chance d’avoir un accueil de jour autonome adossé à la résidence : celui-ci ayant été fermé, le personnel a pu être réorienté vers l’EHPAD, ce qui nous permet d’avoir un effectif quasiment complet. » Compte tenu de la situation, c’est un atout précieux : « nous avons revu tout le fonctionnement de l’établissement, avec la livraison des repas en chambre, la fermeture des espaces communs, la disparition de certaines activités et la nécessité d’en mettre en place de nouvelles, différemment, en face à face entre membres de l’équipe et résidents. » Autrement dit, toutes les bonnes volontés sont mobilisées !
Confiance
Parmi les « nouvelles activités », on trouve évidemment tout ce qui est réalisé pour maintenir le lien entre les personnes de la résidence et les familles, avec une organisation bien rodée. Tablette, ordinateurs portable, agenda Doodle pour permettre aux familles de s’inscrire en fonction de leurs disponibilités, lectures de courrier par les animateurs… « L’agenda est chargé mais on essaye de répondre au mieux aux demandes. Il faut dire que nous sommes dans une résidence où 90 % des personnes reçoivent des visites régulières de leur proches : on ne peut pas passer de tout à rien », souligne Sonia Mac Veigh. La situation est difficile pour les résidents, bien sûr, qui n’ont pas toutes les clés pour la comprendre, mais elle l’est aussi pour les familles qui, du jour au lendemain, ont été privées de visites. C’est pour la bonne cause, évidemment, mais ce n’est pas facile à vivre. » C’est aussi pour cela que l’équipe déploie toute son énergie : « elles nous ont confié leurs proches, on doit être à la hauteur de la confiance qu’elles ont en nous ».
Surprises
Dans un autre contexte cela aurait pu surprendre, mais pas en ce moment : pour être digne de cette confiance, le personnel de l’EHPAD a commencé par sensibiliser les proches à l’utilisation des outils numériques. « Tous les enfants de nos résidents n’utilisent pas Skype, complète Sonia Mac Veigh. Leur expliquer comment ça marche, à distance, était donc le point de départ. » Cependant, si certains ne sont pas experts des nouvelles technologies, ce n’est pas le cas des plus jeunes… Ce qui occasionne d’ailleurs de belles surprises ! « Des petits-enfants qui ne venaient jamais voir leur mamie, habitant loin par exemple, l’appellent désormais régulièrement : on assiste clairement à la création de nouveaux liens, de relations inédites », se félicite Sonia Mac Veigh. Avec l’épidémie de Covid-19, nombreux sont ceux qui ont pris conscience que leurs aînés n’étaient pas éternels… Et qu’ils avaient des choses à leur dire. La notion de famille retrouve toute son importance.
Quant aux résidents, après une phase de découverte, ils se sont adaptés à ces visites originales. « Leur sourire est éclatant lorsque l’on entre dans leur chambre avec l’ordinateur. Ils ont compris que c’est pour appeler leur famille et ça, c’est la meilleure façon d’illuminer leur quotidien. »