June 24, 20201
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Olivier Renaud, Croix-Rouge de Montrouge

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Témoignage d'Olivier Renaud, chef d’intervention, directeur local de l’urgence et du secourisme et membre du bureau de l’unité locale de Montrouge.

 

« La crise que nous connaissons actuellement est sans précédent. Pour y répondre, la Croix-Rouge française témoigne d’une force de frappe impressionnante et d’une véritable capacité de réorganisation qui lui a permis de s’adapter rapidement, à tous les échelons de l’association. Au niveau du département des Hauts-de-Seine, une cellule spécifique a été montée pour renforcer notre action et faire face à l’afflux des appels et à l’augmentation du nombre d’interventions sur le terrain. Avec six véhicules qui tournent tous les jours, les opérations de prompt secours sont incessantes. Sur le terrain, on rencontre toutes les situations, de la simple fièvre à la détresse respiratoire sévère et les victimes n’ont au final pas de profil particulier : tous les âges sont touchés, avec ou sans pathologies existantes.

 

Avec cette crise, il a également fallu mettre en place une logistique nouvelle : les interventions sont plus longues et plus fatigantes car il faut prendre en compte le temps d’habillage et de déshabillage supplémentaire du fait des protections individuelles à enfiler ainsi que la désinfection systématique des véhicules après chaque transport de victime. Cette désinfection s’effectue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, siège de la régulation du SAMU 92. On est ainsi passé d’une heure environ par intervention en temps normal à au moins une heure et demie actuellement…
Le message important pour tout le monde est le même que celui rappelé presque tous les jours par les soignants : il faut rester chez soi ! En effet, c’est toute la chaîne de secours qui est sous tension. Donc plus les comportements seront raisonnés, plus nous serons en mesure de réaliser des prises en charge dans les meilleures conditions possibles.

 

Les équipes sont soudées et les bénévoles extrêmement mobilisés malgré le stress et la fatigue. D’ailleurs, gestion de crise oblige, nous sommes tous amenés à diversifier nos activités, pour faire de la logistique, répondre au téléphone… il y a aussi davantage de perméabilité entre nos actions sociales et nos actions de secours. Car, il ne faut pas l’oublier, cette crise est également sociale. A Montrouge par exemple, nous sommes confrontés à des situations compliquées avec les personnes sans-abri qui ne peuvent plus se nourrir, et ont du mal à trouver des points d’eau ou recharger leur téléphone portable. Là encore, nous nous sommes adaptés et, dès les premiers jours du confinement, les maraudes Covid-19, organisées par le département et spécialement équipées, sont venues se substituer aux maraudes traditionnelles.
Tout l’enjeu pour nous et pour nos équipes est de tenir dans la durée. C’est une crise qui va s’installer dans le temps et il faut que nous soyons capables de fournir le même niveau de qualité de service, malgré la fatigue et le volume croissant de sollicitations. En sortant d’une intervention, l’autre jour, nous avons été applaudis par des habitants à leur fenêtre. Ça fait chaud au cœur et ça donne du courage. D’habitude, on se sent utiles, mais là encore plus. »