Introduction - Lutter contre la précarité énergétique
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Selon les indicateurs de mesure fixés par l’Observatoire national de la précarité énergétique, plus de 5 millions de Français seraient dans cette situation – 860 000 dans la seule région de l’Île-de-France, soit plus d’un foyer sur 10. La précarité énergétique constitue une forme de « double peine » : 20 % de ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part de budget 2,5 fois plus élevée que les 20 % les plus riches (source ADEME). Les nombreuses données chiffrées montrent que tous les âges sont touchés par cette réalité aux causes et aux impacts multiples sur la qualité de vie des personnes, notamment sur leur santé : problèmes chroniques respiratoires, ostéo-articulaires, neurologiques ou de dépression apparaissent fréquemment. Rarement évoquées, les conséquences sanitaires sont pourtant avérées.
La précarité énergétique est souvent le syndrome d’une précarité plus large. Beaucoup sont amenés à faire des choix qui n’en sont pas : manger ou se chauffer. Les personnes sollicitant une aide alimentaire ou vestimentaire sont, de fait, des personnes en situation de précarité énergétique, n’étant pas en mesure de payer leurs factures. En réalité, ces différents besoins sont liés.
Dès 2012, la Croix-Rouge française a porté le sujet de la montée de la précarité énergétique au niveau national, notamment via un plaidoyer sur les aspects sociaux de la transition énergétique. Créée en 2016, sa filiale Croix-Rouge insertion assure des missions de médiation avec des publics en difficulté en Ile-de-France (Seine-Saint-Denis, Essonne, Paris et Hauts-de-Seine) par le biais de son dispositif LogisCité (Pantin, 93). Mais le phénomène ne concerne pas uniquement le secteur urbain, le milieu rural est lui aussi concerné.
Les collectivités, les services sociaux et les associations ont un rôle important à jouer dans le repérage et l’accompagnement des ménages en difficulté, qui ignorent souvent les dispositifs d’aide proposés.
La Croix-Rouge française partage avec son réseau de partenaires le même constat : le parc immobilier français mérite d’être rénové massivement en terme de performance énergétique. L’initiative « Rénovons ! » (alliance regroupant des acteurs engagés en faveur de l’efficacité énergétique), a ainsi proposé en mai 2020 un « scénario prospectif de rénovation de toutes les passoires énergétiques en France en 10 ans » – soit quelque 7 millions de logements – conformément aux ambitions de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et à la loi pour l’Energie et le Climat de 2019. Ce programme générerait selon le collectif de multiples effets bénéfiques sur l’économie, la santé, le confort et la qualité de l’air. Il permettrait donc de résorber structurellement la précarité énergétique.